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Vieillesse La fin des retraites au soleil ?

old-g135349de8_1920 Alors que 32% des rentes AVS sont versées à l'étranger, certains réfléchissent à la possibilité de les baisser. Image par dietcheese de Pixabay

Jean-Luc Addor (UDC/VS) veut savoir quel serait le potentiel d'économies si les rentes AVS et AI versées à l'étranger étaient adaptées au coût de la vie. Tollé.

Après le spectre de l'AVS et du 2ème pilier fusionné, voilà maintenant une seconde étude de spoliation du patrimoine, ou comment voler les rentes des retraités qui font le choix (légitime) de passer leur retraite dans le pays de leur choix !

L'obsolescence humaine programmée (à l'age de l'AVS) fonctionne effectivement beaucoup moins bien pour les retraités qui vivent au soleil que pour eux qui survivent misérablement au froid.

par Alain Farrugia

Après le non à la Prévoyance vieillesse 2020, les parlementaires cherchent désespérément de nouvelles pistes. Jean-Luc Addor (UDC/VS) vient de déposer une interpellation demandant au Conseil fédéral d'évaluer le potentiel d'économies pour l'AVS et l'AI si les rentes versées à l'étranger étaient adaptées au coût de la vie sur place. Le conseiller national explique ainsi sa démarche: «La réforme qui a été rejetée avait pour objectif de garantir le financement de notre système de retraites ces prochaines années, ainsi que de maintenir le niveau des rentes. Mais nous sommes passés à côté d'un autre enjeu essentiel: les rentiers qui ont d'énormes difficultés à tourner en résidant en Suisse.» L'élu estime que le Parlement doit maintenant réfléchir à la situation de ces «petites gens qui s'expatrient parfois, non par choix mais par contrainte, pour bénéficier du différentiel entre les rentes suisses et le niveau de vie à l'étranger».

N'est-il pas paradoxal de vouloir aider ces bénéficiaires qui représentent 32% des rentes versées en proposant de réduire leurs revenus? «Il ne s'agirait pas de toucher aux rentes actuelles, mais de passer par des mesures transitoires, pour qu'au final tout le monde puisse vivre dignement en Suisse.» Jean-Luc Addor est conscient que cette piste ne va pas lui valoir que des amis. En juin dernier, c'est la présidente du PLR, Petra Gössi, qui avait déjà suscité une vive polémique, en affirmant que l'augmentation de 70 francs par mois des rentes AVS aidait «les mauvaises personnes», en référence aux rentiers vivant à l'étranger.

Philippe Nantermod (PLR/VS) n'est, pour sa part, pas convaincu: «Si l'on réfléchit de manière cynique, les personnes qui décident de partir à l'étranger nous arrangent. Celles-ci ont souvent des petits revenus et paient peu d'impôts. Elles représentent aussi des soins et plus généralement une utilisation des infrastructures que nous ne finançons pas.» Il répète son opposition à une augmentation des rentes AVS en Suisse, préférant des mesures ciblées pour aider les retraités en difficulté.

«C'est du brassage xénophobe»

Quant à Roger Nordmann (PS/VD), il ne cache pas son exaspération: «Cette proposition, ce n'est que du brassage xénophobe pour masquer l'incompétence et l'irresponsabilité du PLR et de l'UDC, qui n'ont pas le quart de l'ombre d'un plan B. Quand on ne sait pas quoi faire, on met le problème sur le dos des étrangers, bien que ceux-ci aient cotisé dans le système suisse et aient droit à leurs rentes s'ils veulent rentrer chez eux.» Sur les 737 138 personnes touchant leur retraite en dehors de nos frontières, plus de 85% sont en effet de nationalité étrangère, selon des chiffres de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS).

Ce qui n'empêche pas l'Organisation des Suisses de l'étranger (OSE) de s'ajouter aux rangs des opposants. «Les élus n'ont pas le réflexe de penser aux 10% de la population qui résident hors du pays», considère sa directrice Ariane Rustichelli. «On part du présupposé que l'adaptation des rentes n'irait qu'à la baisse alors que, selon les pays de résidence, elle pourrait aussi être à la hausse», fait-elle valoir, tout en s'interrogeant sur les limites de cette logique. «L'appliquera-t-on aussi aux cantons qui peuvent également présenter des niveaux de vie très différents?» À ses yeux, la mesure demanderait au final une énorme bureaucratie pour adapter les rentes chaque année, qui engloutirait le potentiel d'économies

Par Cléa Favre

Source : Le Matin

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