Streaming, bitcoin, IA : le délire énergétique !
Regarder Netflix, utiliser un assistant vocal… Derrière ces gestes anodins se cachent d'énormes data centers et un réseau dont les calculs absorbent 8 % de l'électricité mondiale. Et ce n'est qu'un début. Car boostés par le streaming, l'IA, la blockchain, leurs besoins pourraient dépasser notre production énergétique dès 2040 ! Une situation intenable, alertent des spécialistes.
Nous sommes en face d'une situation qui va bouleverser toute l'économie mondiale et qui va définir, à terme, qui aura le droit d'accéder à l'énergie ou pas !!
Alain Farrugia
Si une solution durable et efficace de production d'énergie abondante bon marché n'est pas mise en place rapidement, nous allons vers une société où l'énergie se vendra au marché noir avec les pires délires que l'on ne voit que dans les films d'anticipation.
Alarmisme et sensationnalisme, diriez-vous ? Cet article, pourtant très pertinent, ne prend pas en compte l'arrivée de l'Afrique dans la surconsommation de masse et depuis le temps qu'ils attendent, ils sont très très gourmands... Sans compter la classe moyenne asiatique qui explose économiquement, ils ne sont pas prêt de ralentir eux non plus...
DES BESOINS EN CALCUL QUI EXPLOSENT
1 000 MW C'est la puissance qui sera pompée par le plus gros data center du monde, en projet en Norvège. Le fonctionnement de cette installation record de 60 hec tares, située au niveau du cercle Arctique, mobilisera ainsi l'équivalent d'un réacteur nucléaire.
10 % C'est la part d'électricité consommée en France par les activités numériques, soit environ 40 térawattheures par an (dont un quart est dû aux data centers). L'équivalent de la consommation du chauffage électrique dans l'Hexagone.
2040 C'est la date à laquelle, au vu de la croissance du numérique, l'énergie requise pour les besoins en calcul pourrait dépasser la production énergétique mondiale… si rien n'est fait pour limiter cette consommation (rapport de Cédric Villani sur l'IA, mars 2018).
2 000 TWh C'est, en térawattheures, la consommation électrique due au fonctionnement du digital dans le monde chaque année, ce qui correspond à la demande d'électricité totale de la Russie et de l'Inde réunies ; s'il était un pays, internet serait le troisième plus gros consommateur derrière les États-Unis et la Chine.
Ce sont des gestes apparemment anodins : regarder une série sur Netflix, publier un selfie sur Facebook, payer en bitcoin, lancer des instructions à un assistant vocal (Siri, Alexa, Google Assistant, etc. ). Autant de comportements que l'on imagine volontiers légers, éthérés, complètement virtuels et sans conséquence matérielle… Grave erreur.
UN "TSUNAMI DE DONNÉES"Car les dernières études sont formelles : notre activité numérique consomme aujourd'hui 8 % environ de la production électrique mondiale et serait responsable de près de 4 % des 2 - dépassant ainsi nettement le transport maritime ou aérien. Et ce n'est qu'un début. "La consommation énergétique du numérique augmente actuellement de 9 % par an, malgré d'importants progrès réalisés en termes d'efficacité, souffle Hugues Ferrebœuf, du think tank The Shift Project. Notre trajectoire actuelle flirte avec les scénarios catastrophes envisagés il y a quelques années."
Les box internet, que l'on n'éteint jamais, représentent 1 % de la consommation électrique française ! -
ANNE-CÉCILE ORGERIE, Chercheuse à l'Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires
Les perspectives sont effarantes :
Selon les chercheurs du constructeur chinois Huawei, le digital pourrait mobiliser 20 % de l'électricité planétaire en 2025. Dans seulement 6 ans, nos activités en ligne solliciteraient donc l'équivalent de plus de 400 réacteurs nucléaires… Pis, selon le récent rapport de Cédric Villani sur l'intelligence artificielle, "d'ici à 2040, l'énergie requise pour les besoins en calcul devrait dépasser la production énergétique mondiale" . Autant dire que la numérisation galopante de nos sociétés nous mène droit à une impasse énergétique… et climatique.
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